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Draéna

Draéna

Une vie parmi tant d'autres


12- Songe

Publié par Ranks sur 24 Novembre 2015, 11:49am

Catégories : #TESO

12- Songe

Alors que les premiers rayons touchent les dunes de sable et après avoir chassé toute la nuit, le sommeil gagne peu à peu le Loup-garou repu. Sûr de sa toute puissance, il se couche simplement au sol sans prendre de précaution ni se cacher. Son esprit s’endormant sur les images de la chasse et du repas qu’il a tout juste terminé, il semble sourire à la prochaine chasse.

 

Un feu crépite et une douce odeur de repas réveille Draéna. La tête lourde, elle porte machinalement sa main à son front. Regardant alentour, elle voit ce feu à quelques mètres d’elle. Essayant de se remémorer les derniers moments avant qu’elle ne s’endorme, elle n’a aucun souvenir d’avoir allumé un feu, surtout qu’elle ne se voit pas l’allumer du fait de sa phobie. La nuit vient de tomber, les lunes se lèvent, moins pleines que la veille, mais encore bien ronde, présage d’une nouvelle transformation. Sur sa droite une forme bouge et la regarde. Se relevant entièrement elle regarde cette forme et voit une vieille rougegarde qui la dévisage longuement. Cheveux blancs qui n’ont plus été coiffés depuis des années, la vieille femme présente des rides épaisses et des yeux verts qui brillent d’intelligence. Sa peau est tannée par le soleil et elle est habillée de peaux de bête aussi usées que la femme elle-même. Avant que Draéna n'ait pu demander quoique ce soit, la voix éraillée de la vieille femme lui parvint.

 

“Il y a du ragoût de chacal si tu veux !” En montrant un pot de fer qui est sur le feu. Draéna dirige son regard sur le feu et la vieille reprends :

 

“.. Oh.. Toujours avec cette phobie du feu ? Ma parole, Draéna… Va falloir faire qué’que chose !“ Elle se lève, en grimaçant et porte ses mains à son dos, qui semble douloureux. Elle va chercher un bol du ragoût en marmonnant. Prenant le bol chaud, la rougegarde fronce les sourcils et remercie.

 

“Comment connaissez-vous mon nom ? Qui.. Etes-vous.. ?”

 

La vielle se rassoit non loin du feu, dont elle ravive les braises un moment avant de dire :

 

“Ton nom ? Qui je suis… Hein ? Quoi ?.. Non non.. Pas encore, elle saura bien assez vite… Non tais-toi... C’est moi qui cause.. !” Se tourne sur sa gauche comme parlant à quelqu’un d’autre.

 

Draéna regarde la vieille folle et renifle le bol puis le pose à ses côtés, refusant d’en manger de peur qu’elle ne tente de la tuer. Elle se lève et constate qu’elle est habillée, ne comprenant pas ce qu'il se passe, elle dit :

 

“.. Je. Vais vous laisser… Il n’est pas prudent que je rest…” Commence t’elle.

 

“Prudente ? Tu parles de ce qui t’arrive les nuits de Lunes Rousses ?” La vielle femme la regarde avec un sourire moqueur des vieux qui savent. Sortant une pipe en bois, elle y met du tabac et l’allume. Avalant la fumée, elle tousse bruyamment, mais continue de fumer.

 

“Comment le savez-vous ?” En croisant les bras.

 

“Comment ? Bah j’en sais plus sur toi que toi-même !” Dit la vieille en la pointant du manche de sa pipe. Draéna fronce de nouveau les sourcils. Cette vieille folle lui fait perdre un temps précieux, il faut qu’elle s’éloigne avant qu’elle ne se transforme de nouveau et l’attaque. Elle commence à partir, sous le regard rieur de la vieille qui dit :

 

“Draéna Al'Shabbaz, fille d’un ancien soldat de Sentinelle qui se réfugia dans l’alcool après un accident de chasse. Tu as fuis ton village et ton père à l’âge de 15 ans où tu intègres l’armée de Sentinelle en mentant sur ton âge et ton nom… Dois-je parler d’Haltevoie ? Maraya ? D’Hel Do Alik’r ou bien uniquement de ce qui t’amène en plein cœur du désert et de celui que tu nommes l’Autre ?”

 

Draéna s’arrête en serrant les poings et se retourne l’air interrogative et revenant l’air mauvais vers la vieille.

 

“Qui es tu sorcière ?”

 

“Qui je suis ? Si tu le savais tu ne me croirais pas.. Saches juste que… Je peux t’aider...”  Dit la vieille femme, en prenant une nouvelle bouffée de sa pipe et en scrutant Draéna.

 

“M’aider ? Et pourquoi le ferais-tu ?”

 

“Hum.. Hein.. Non ai-je dit… Tout à l’heure.. Eh puis tais toi donc, tu vois bien qu’elle me cause !” Regardant de nouveau à sa gauche.

 

Draéna regarde elle aussi à gauche et ne voit que l’ombre de la vieille projetée par le feu.

 

“A qui parlez-vous ?”

 

La vieille fait un signe signifiant ne t’occupe pas.

 

“Où c’est qu’on en était. Ah oui t’aider. T’aider avec l’Autre…”

 

Alors que Draéna se rassoit, curieuse de ce que la vieille pouvait lui apporter.

 

“Vous… Aussi ?”

 

La vieille regarde Draéna en plissant les yeux. Elle tire sur sa pipe et fait un rond qui s’envole dans le ciel étoilé.

 

“Moi aussi quoi ? Si je suis une Fille D’Hircine ? T’en penses quoi Toi ?” Les yeux verts scrute la rougegarde qui ne sait quoi répondre, la vieille réponds alors pour elle.

 

“Je ne te parlerai pas de cette douleur qui se répands dans le corps, d’abord ton coeur, qui grossit et te fais croire qu’il va exploser. Puis l'afflux de sang dans tes veines qui chauffe ton corps en entier. Puis chacun de tes membres éclatent, craquent ou s’allongent. Tu peux penser que cela est terminé, mais non, car dans le même temps, les poils poussent, ton museau se forme et ton esprit même semble perforé de mille aiguilles… Puis le noir… La peur qui s’installe tandis que la partie humaine de ton cerveau laisse place à la Bête.”

 

Elle laisse un silence et reprends :

 

“... Je pourrais te dire qu’avec le temps on s’habitue, que cela fait moins mal.. Mais non, on ne s’habitue pas à cette douleur, et ce qui est le pire c’est qu’il y a des moments où l’on attends cette douleur qui sera une délivrance avec une impatience non dissimulée... ”

 

Draéna regarde au sol en serrant ses mains jointes.

 

“Je connais ce regard, alors écoute sans mots dire jeune Draéna !”

 

La voix de la vieille femme se fait moins éraillée, plus sonore et clair. levant les yeux vers la vieille, Draéna constate que celle-ci n’a plus les cheveux gris, mais qu’ils sont devenus noirs avec quelques cheveux ici et là tirant sur le gris, les rides n’apparaissent presque plus. Et devant elle, elle a l’impression de revoir sa grand-mère.

 

“Tu ne peux défaire ce qui a été fait ! L’Autre n’existe pas, ce n’est que toi, sous une autre forme, avec une autre façon de penser. Ce n’est ni plus n’y moins que toi, mais sous ta forme la plus primaire. Combattre ta Bête c’est te combattre toi-même ! Comment réagis tu si on t’oblige à faire quelque chose que tu ne veux pas ?”

 

Draéna regarde la vieille femme, cherchant toujours pourquoi ce visage lui rappelle quelqu’un qu’elle connaît.

 

“.. Tu résistes et tu fais le contraire… La version bestiale de toi fait la même chose. Ne cherche pas à la contrôler comme on contrôle un animal, apprivoise là, dresse là comme tu as dressée ton Chargeur Yokudan. Avec Amour et compassion !”

 

“Comment peux ton éprouver de la compassion pour un animal sauvage ?” Dit la rougegarde avec verve.

 

“Tu parles de toi Draéna ! Es-tu un animal sauvage ?”

 

Draéna reste muette et réfléchie puis après quelques instants demande :

 

“Comment sais-tu tout cela ? As-tu réussis à contrôler ta Bête ?”

 

La vieille femme regarde le feu et y jette sa pipe. Se levant sans mal elle dit, alors que sous les yeux de Draéna, elle change de forme petit à petit.

 

“Hélas non… Il m’a fallut rejoindre les terrains de Chasse d’Hircine pour comprendre… Comme toi, j’ai passée ma vie à lutter contre moi-même pour au final faire du mal à ceux que j’aimais.”

 

“Terrain de Chasse.. ? Tu es..“

 

La vieille femme n’est plus. Devant Draéna se dresse une belle rougegarde, portant une armure de cuir sombre, des cheveux tressés, des yeux verts et un sourire joyeux qui la regarde. Draéna reste interloqué en se voyant comme on regarde dans un miroir.

 

“..Morte Oui… Je suis revenue de loin.. Très loin pour te voir.. Me voir, et me dire tout ceci. Mon chemin a été de combattre ma bête et j’ai échouée. Pire que cela, j’ai fais du mal.. Beaucoup de mal, en espérant faire le bien… Il est encore temps pour toi de faire différemment, de suivre un autre chemin… Mais tout ceci n’est qu’une illusion, qu’un rêve qui te laissera juste une idée, un conseil que j’espère tu suivras… Dors maintenant !“

 

Draéna sent ses paupières lourdes et alors qu’elle sombre, elle voit sur le côté gauche de son alter ego un Loup-garou, sa propre Bête qui la regarde avec un regard implorant, presque humain.

 

Sortant du sommeil, Draéna est nue dans le désert à l’emplacement exact où le Loup-garou s’est endormi quelques heures plus tôt. Alors qu'un souvenir vague de son rêve lui revient, une idée, comme un souffle lui traverse l’esprit et s'impose à elle :

 

*L’Autre n’existe pas, ce n’est qu’une partie de toi, la combattre c’est te combattre, la blesser c'est te blesser ! *

 

Se relevant, la jeune femme repense à une devise rougegarde :

 

Unis nous tenons, Divisés nous tombons.

 

 

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http://draena.over-blog.com/2015/11/13-la-mine.html

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