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Draéna

Draéna

Une vie parmi tant d'autres


6- Genèse

Publié par Ranks sur 24 Novembre 2015, 11:20am

Catégories : #TESO

6- Genèse

La jeune femme entre dans la tente réservée au trail’r, se couche sur le dos en mettant une couverture sur sa nudité et regarde le haut de la tente. Elle sait que le sommeil ne viendra pas, qu’elle restera éveillée toute la nuit, comme toutes les nuits depuis la morsure par le loup-garou. Mais cette nuit, pas de ronde, pas de garde, pas de regards vers la nuit, ni d’odeurs à sentir, elle restera là à penser.

 

Son esprit revient sur Nolwaën un moment, son attitude de ce soir lui remplit le cœur de joie. Elles se connaissent peu, d’ailleurs Draéna connait peu de monde dans la Horde. Son désir de les protéger d’elle-même et de l’Autre, lui fait se mettre volontairement à l’écart et peut-être à chercher sa place.

 

* Tu as peur ! * pense t’elle.

 

*… Peur de t’attacher à eux… De les décevoir comme tu as déçue la Garde, Maraya ou ta famille !* Elle secoue la tête et se tourne sur le côté pour effacer ces idées sombres et soupire :

 

« La peur n’efface pas le danger ! »

 

Ses pensées reviennent sur Yamir et ces derniers jours. Elle commence à comprendre la façon de penser du Khajiit. Il ne faut pas prendre ses propos au second degré ou chercher de l’ironie dans ceux-ci. La discussion avec Merwyn, la persuade de ce qu’elle pense. Lorsque Rage indique que discuter pendant les rondes est néfaste, il n’interdit pas de faire des rondes à plusieurs… Juste de ne pas profiter de ces rondes pour discuter. Ce qui pour elle est une évidence, la nuit les bruits portent plus loin et discuter avec autrui réduit la perception et risque de donner des informations aux assaillants.

 

Son esprit revient sur la veille où Maar avait eut une réflexion assez profonde pour un Nordique : nous venons tous d’univers différents, ce qui peut sembler n’être qu’une broutille pour l'un sera pour un autre un acte de rébellion. Batek servant de ciment à la Horde. Mais Batek semblait être source d’interprétations.

 

Batek disait que le rang devait être respecté, que tous au sein du même rang avaient les mêmes droits et obligations… Pourtant la veille Prisea avait dû s’excuser auprès de l’Étranger. S’excuser d’avoir donner un ordre non suivi par la petite troupe près d’elle. Le Nordique avait réussit à semer le trouble dans les esprits en rappelant que seul Rage pouvait l’exclure du campement…

 

« Foutaise » Exprime t’elle en se tournant sur le côté.

 

Pour elle l’ordre de Raison aurait dû être exécuté et ce sans délai, sans tergiversations de la part de tous, juste exécuté ! Son esprit militaire revenant à l’application simple de l’ordre. S’ils avaient suivi cet ordre, le second : l’appel des troupes de Rage aurait été respecté et Prisea non mise dans cette situation humiliante.

 

* Toi même tu as hésité… ! * Se dit-elle.

 

*.. Oui je ne sais pas où est ma place, ce que je peux ou pas faire… Mais si Raison m’avait demandé de le faire sortir, je n’aurai pas hésité une seconde… Aurais-je dû verser mon sang pour respecter sa demande… * Elle se tourne de nouveau.

 

De même, les femmes n’ont pas une place prépondérante au sein de la Horde, il suffisait de voir les réactions de ce soir à la taverne. Elle n’avait pas besoin de chevalier servant pour se défendre contre des abrutis ivres. Une danse, il baisse sa garde pensant pouvoir poser ses mains ou ses lèvres grasses sur moi… Je m’approche lascive, il détourne le regard vers ses amis en riant surement où en faisant une blague sur ce qu’il va me faire plus tard… Mon genou part dans ce qui lui sert à pisser et penser… Au sol en pleurant il supplie, me traite de salope, de pute…

 

* Nous considèrent t’ils comme leurs objets ? Où bien peu enclin à nous défendre seule ?* Elle remet sa couverture sur ses pieds nus froids.

 

Humiliation : faire une erreur mène systématiquement à une humiliation publique, alors qu’un rappel à l’ordre aurait suffit…

 

* Comment comprendre et apprendre Batek si seules nos erreurs sont les seules occasions de le faire ? Comment prouver ma valeur, si on ne m’en donne pas l’occasion… Ma condition de femme prime sur ce que je peux apporter à la Horde, en dehors d’un vagin fertile ? * Elle soupire face à tant de questions.

 

Fermant les yeux, son esprit revient 21 ans plus tôt.

 

L’enfant qui ouvre les yeux pleins de larmes n’est âgée que de 12 ans, elle se masse la joue endolorie par la gifle qu’elle vient de recevoir. Elle grelotte de peur dans la nuit froide du désert. Un homme qui s’appuie sur une béquille lui hurle dessus en lui jetant un seau d’eau croupie.

 

« VOILA TOUT CE QUE TU AURAS COMME EAU !! » Il se tourne vers le feu avant de continuer à gronder. Draéna avait eut l’imprudence de faire tomber son outre d’eau, laissant s’échapper le précieux liquide. Elle ne regarde pas son père de peur d’augmenter sa fureur. Ce dressage avait débuté il y avait quelques années déjà, mais cela avait empiré depuis l’accident.

 

Elle se souvient de son père : un soldat, un officier dans la garde de Sentinelle. Il était bon et aimant avec elle, soucieux de son bien être. La toute première fois qu’il l’avait emmené dans le désert l’enfant n’avait que 4 ans, et depuis ils y allaient le plus souvent possible. Il lui avait appris à prévoir une tempête de sable, à chasser, repérer les dangers dans le sable, les traces de scorpions, de chacals, trouver de l’eau et plus généralement vivre dans le désert. Elle attendait avec impatience les jours où elle serait seule avec lui, où il l’emmènerait…

 

Mais tout ceci avait changé il y avait plus d’un an. Il était partit chasser seul et s’était fait attaqué par un lion qui l’avait épargné. Blessé, il avait mit plusieurs jours à revenir et durant cette période, son esprit avait changé. Infirme, il dû prendre sa retraite militaire. Sentinelle lui versait une belle solde. Mais l’idée de ne pas mourir en combattant l’arme à la main, à moins que ce ne soit le fait de voir son nom s’éteindre avec sa fille ou le tout, le firent devenir plus dur avec elle.

 

L’entrainement dans le désert était maintenant quotidien, il la rabrouait constamment, lui reprochant de ne pas être un homme, un fils. Il était devenu violent, même avec sa femme et l’alcool était devenue sa meilleure amie et confidente.

 

* Sheogorath lui parlait peut-être ! * Pense Draéna en se retournant une nouvelle fois sur sa couche. Son esprit repart à l’une de ces autres nuits de dressage…

 

« Montre-moi tes bras ! » L’homme qu’elle appelait père sentait l’alcool. Draéna soulève ses manches et montre ses avant bras. Ceux-ci présentent des traces de brûlures répétées et soignées. Il regarde les bras et grogne : « Prépare-toi ! »

 

A ces mots, la jeune fille frissonne, elle sait ce qui va suivre, elle le voit déjà prendre une torche et s’approcher du feu. Par habitude, elle retire son haut et prépare un seau d’eau.

 

« Ton esprit doit être plus fort que toute douleur physique… ALLEZ ! »

 

L’homme se retourne vers la jeune femme, la torche allumée. S’agenouillant il tient la torche à l’horizontale et regarde Draéna. L’invitant du regard à placer l’un de ses avant bras au dessus de la flamme. Elle frémit de nouveau, elle connait la douleur que cela lui procurera, mais la colère de son père sera pire. Elle regarde ce feu qui lui fait peur, ces flammes qui dansent de joie à l’idée de caresser de nouveau son corps et lui faire mal.

 

Elle place son bras gauche au dessus de la flamme qui de suite lèche avec gourmandise sa peau déjà brûlée. Elle regarde au loin, serrant les dents et les poings. Une odeur de cramé envahit ses narines, elle a envie de vomir mais se retient. Son esprit se réfugie dans leur tente, sa mère la prend dans ses bras comme elle faisait avant. Lui caressant le front elle lui chante une berceuse de sa voix si douce. Il ne faut pas plus de cinq secondes pour que la douleur s’intensifie et son instinct de survie reprend le dessus, elle retire son bras en hurlant…

 

L’homme fulmine, jette au sol la torche qui continue de flamber. Se levant il frappe avec sa béquille la fillette qui s’est recroquevillé.

 

« .. JAMAIS… JAMAIS TU NE SERAS DIGNE… JAMAIS TU NE SERA LE FILS QUE J’AI TANT VOULU… ! JAMAIS…. »

 

Les coups pleuvent et la fillette espère que la fin arrive, qu’elle retrouve ses ancêtres, mais la fin n’arrive pas. Elle se réveille le lendemain, l’homme la veille en se tenant la tête. Il l’a soigné, lui a bandé le bras et s’excuse encore et encore. Puis il la sert dans ses bras en pleurant qu’il ne voulait pas, qu’il l’aime. Draéna elle, le sert aussi, mais son regard est loin, son esprit est déjà reparti car elle sait.

 

Elle sait que cela recommencera encore et encore jusqu’au jour où elle ne retirera plus son bras, où qu’il la tue dans un accès de rage… La jeune femme se remet sur le dos, soufflant, elle ne dormira pas cette nuit, même pas une heure…

 

 

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